Accueil A la Une Affiches retirées : le combat continue !

Affiches retirées : le combat continue !

Il n’est pas question de tourner la page de “l’affaire des affiches ” ! Le fait que le maire d’Angers regrettent ” que certains aient pu être blessés par cette décision ” montre qu’il n’a rien compris… Nous ne sommes pas blessés, nous sommes en colère, révoltés et bien décidés à ce que la ville d’Angers ne devienne pas une citadelle de l’intolérance et des discriminations. Quazar est loin d’être la seule association ou organisation à contester cette décision obscurantiste. Ci-dessous : des affiches apposées sur les panneaux de la ville, une manifestation d’étudiants le 28 novembre, les élus de l’opposition municipale avec des maillots campagne VIH lors de la réunion du Conseil le 28 novembre, enfin un texte signé par Denis Péan et le groupe Lo’Jo.

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Vous nous faites peur !

Mr Béchu, maire d’Angers, à l’instar de plusieurs maires de France fait retirer les affiches pour la prévention du VIH sur lesquelles on voit des hommes qui s’enlacent.
C’est une première nationale qu’une campagne publique soit
autant le fruit d’un accord et d’une concertation entre ministère
et les centres LGBT (Lesbien-Gay-Bi-Trans). Elle cherche à sensibiliser une population particulièrement exposée qui ne fréquente pas les milieux militants.

On fustige l’obscurantisme quand il vient du Sud, d’outre comme d’Orient, ne voyons-nous pas qu’il fait ici-même une tache vénéneuse, que l’ignorance a cet étrange privilège de l’universalité.
On extermine la tendresse (je lis dans le journal local qu’à Angers on aurait de même condamné la campagne s’il s’était agi de couples hétérosexuels).

Nous sommes lassés qu’on nous ressasse que le sexe serait le siège du mal,
un creuset pour la honte,
qu’on assène aux enfants qu’un seul goût, qu’un seul désir seraient légitimes.

Il y a quelques décennies Mme De Gaulle faisait censurer une chanson de Pierre Perret pour la dangereuse formule ” faire pipi dans le lavabo “.
Si le slogan ” Coup d’un soir ” nous choque, et que nous préférons mentir aux enfants, expliquons-leur que c’est un pléonasme indigne de la langue française; si nous sommes un éducateur responsable disons-leur que ça signifie : faire l’amour une seule fois est suffisant pour contracter le VIH qui est un des plus graves fléaux de notre siècle.
Les censeurs de Perret se sont juste coiffés eux-mêmes de ridicule mais ici l’inconséquence est grave.
Les tabous sur le sexe pèsent depuis des générations sur notre société, nos parents et grands-parents en furent brisés.
Ne nous impliquez pas dans votre gêne, dans votre incapacité de gérer avec vos enfants ce malaise.
Cessez s’il vous plaît d’inculquer la discrimination aux nôtres.
Là on cautionne ceux qui se prosternent en ville au seul prétexte de ce qui se joue dans l’intimité des autres.
C’est un état de perversion et d’obsession du ressort de la psychanalyse collective, une ingérence malsaine qui ne peut tenir lieu ni de philosophie ni de loi.

On décapite l’arbre de la laïcité.
Ne prêtons pas aux enfants ni aux mots, ni aux images nos propres troubles qui sont l’héritage de générations de tabous, de silence, de mensonges, de frustrations universellement consommés à la place du savoir et de la beauté.
Qu’on ne nous donne pas de leçon sur la “vraie” famille ou l’idéal du couple.

Il y a des choses extrêmement graves à dénoncer, mais une mentalité ici – comme en Pologne, en Russie, en Iran, aux Amériques, en Turquie, dans quelque pays d’Afrique – est assortie d’autres complaisances avec l’inacceptable . Le mépris est le début de la persécution.

Voilà l’héritage de l’esprit inquisiteur qui justifia des siècles de cruauté et de brimades. On nous rebat avec les valeurs de notre civilisation,
relisons Platon pour mesurer à quel point dans certains domaines elle a régressé.
J’aime ma ville et ma région, aujourd’hui j’ai honte qu’elles s’illustrent dans un tel archaïsme; et j’aurai honte plus encore de ne pas parler, ce qui est le devoir immémorial des poètes et des artistes.

Denis Péan / Lo’Jo

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