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Revendications 2023


Pourquoi nous marchons en 2023…

Manifeste de la Pride d’Angers 2023

En Europe, 2022 a été marqué par une forte augmentation des violences contre les personnes LGBTI+, comme le déplore le rapport annuel de l’ILGA-Europe. Les agressions physiques et verbales LGBTIphobes sont en hausse en Allemagne, en Hongrie, en Islande, en Irlande, au Monténégro, aux Pays-Bas, au Portugal, en Roumanie, en Russie, en Serbie, en Espagne, en Suisse, en Turquie, en Ukraine, au Royaume- Uni et en France.
En réponse, nous affirmons aux lesbophobes, transphobes, gayphobes, biphobes, intersexophobes et queerophobes de tous pays :

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !

En Ouganda, le parlement a voté le 21 mars dernier une loi qui aggrave la criminalisation des relations homosexuelles ; dix ans d’emprisonnement, perpétuité et pire, la peine de mort pour de prétendus « délinquants récidivistes ». Cette loi permet d’emprisonner les personnes se revendiquant comme LGBTI+. C’est la mort sociale des associations et de nos adelphes ougandais·es, face à cette violation des droits humains.

Nous exigeons que les personnes LGBTI+ persécutées dans leur pays, en raison de leur orientation sexuelle, identité de genre et intersexuation, bénéficient en France d’un droit d’asile inaliénable, eu égard à leur vulnérabilité. Pourtant, avec la loi asile immigration Darmanin, le gouvernement veut instaurer une immigration utilitariste. Nous nous y opposons. Nous sommes uni·es contre l’immigration jetable, et pour une politique migratoire d’accueil.

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !

À Angers, deux violentes agressions homophobes et transphobes ont eu lieu le 15 octobre 2022. Dans ce contexte de montée des violences et de la haine anti-LGBTI+, nous aimerions connaître les chiffres exacts 2022 des délits LGBTIphobes en Maine-et-Loire.

Il est d’ailleurs plus que temps que les délits transphobes reçoivent un code statistique NATINF (nature par infraction) unique, pour être clairement dénombrés et visibilisés. Aujourd’hui, ils sont confondus avec les délits homophobes.

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !

Le documentaire de Mediapart, « Guet-apens, des crimes invisibles », sorti en ligne le 19 avril dernier, documente la pratique de ces pièges tendus par de faux profils d’individus ou de groupes qui ciblent avec préméditation des gays ou des bis avec de faux rendez-vous via des applications ou sur des lieux de rencontre. Frapper, voler ou humilier des homosexuel·les, et parfois même les tuer, sont des délits et des crimes. L’ampleur est considérable : au moins un piège par semaine, soit plus de 300 guets-apens, parfois mortels, en cinq ans. Pourquoi restons-nous silencieuses et silencieux ?

Dix ans après la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, et à l’approche de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie du 17 mai, ce documentaire démontre la persistance de l’homophobie en France. Il interroge aussi la façon dont la police et la justice répondent à ces agressions. Les circonstances aggravantes d’homophobie et de transphobie, entrées dans le code pénal en 2004 et 2012, sont-elles bien appréhendées par les magistrat·es ? Comme les journalistes de Mediapart, nous nous interrogeons. Pourquoi la justice n’a-t-elle prononcé que 11 condamnations pour guet-apens homophobes ces quatre dernières années ?

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !

Nous, trans-PD-gouines-queers, n’acceptons plus d’être les proies faciles des homophobes. À Angers, comme ailleurs, nous attendons du gouvernement, que les CORAH, comités opérationnels de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, mettent en place par département un réel pôle anti-discriminations fonctionnel, réunion des associations, préfecture, police, gendarmerie et ministère public, pour travailler dans le cadre d’une convention signée, pour ne plus laisser l’impunité et la crainte de déposer plainte l’emporter.

La lutte contre les LGBTIphobies doit absolument passer par l’éducation. Nous exigeons l’organisation concrète d’une lutte contre les LGBTIphobies dès l’école jusqu’au lycée, grâce notamment aux interventions des associations LGBTI+ et la formation des équipes éducatives. Nous rappelons l’obligation de 3 cours d’éducation sexuelle réellement donnés aux élèves, sans conservatisme ni autocensure. Le suicide du jeune Lucas 13 ans, pour harcèlement scolaire homophobe est insupportable. Tout comme le fait que le harcèlement n’ait pas été retenu par le parquet, en raison d’un mois d’écart entre les derniers faits et le geste de Lucas. Comme réponse, un observatoire des discriminations ne suffira pas au sein de l’Éducation nationale dans chaque académie, d’autant que nos associations n’y sont pas invité·es.

Lire très régulièrement des infos à propos de personnes queers, violentées, tuées ; en avoir la peur au ventre pour soi et nos ami·es, n’est plus supportable. Violence intériorisée dans notre quotidien, hypervigilance de peur d’être reconnu·e comme queer, obligation de rentrer par sécurité dans le moule cishétéronormé, n’est pas supportable. Une des conséquences de toutes ces situations, c’est un risque suicidaire sept fois plus élevé chez les personnes queers concernées. Nos vies ont de la valeur !

Il est légitime de s’interroger. C’est humain d’avoir peur de l’inconnu, mais la violence n’est pas acceptable. Non, les personnes bies ne sont pas indécises. Non les personnes trans ne sont pas des impostrices !

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !

Cette lutte contre les discriminations vécues par les minorités sexuelles et de genre, concernent aussi les travailleurs et travailleuses du sexe, les personnes intersexes, agenres, asexuelles, pansexuelles, aromantiques. Cette lutte passe aussi par le fait communautaire de ne plus accepter les violences, y compris le diktat des apparences, l’âgisme, le sexisme, le classisme et l‘handiphobie, y compris entre nous. Notre capacité individuelle et communautaire à nous mettre en colère et à l’exprimer, pour agir à notre niveau et collectivement, s’exprime aujourd’hui, jour de Pride, de Marche des Fiertés LGBTI+, jour de visibilité, mais toute l’année aussi !

Combattons nos LGBTIphobies, y compris intériorisées !

En France, en 2023, nos voix LGBTI+ s’élèvent aussi pour dénoncer les inégalités de traitement face aux procédures administratives. À commencer par les personnes transgenres dont les titres d’identité ne sont pas toujours en accord avec leur genre. Dégoûté·es des démarches juridiques disproportionnées à mettre en œuvre, iels se confrontent au quotidien à une insécurité tant physique que mentale, dans leur recherche d’emploi, de logement, pour retirer un colis, en cas de contrôle d’identité…

Dans sa décision du 14 février, le Conseil d’État a jugé le changement de la mention de sexe à l’état civil comme non rétroactif dans les données personnelles. Cela rend tout simplement plus difficile la reconnaissance de la carrière des personnes trans. Ce qui, dans le contexte de la réforme des retraites, fait planer une complexification inutile de la documentation des justificatifs de cotisations pour nos retraites.

La violence institutionnelle qui touche les parcours trans s’amplifie encore dans le système carcéral. Quels que soient leurs caractères sexuels secondaires ou leur identité de genre, les personnes trans sont emprisonnées en fonction de ce qu’elles ont entre les jambes, ou de leur identité administrative. Elles y subissent de graves agressions sexuelles, et sont parfois privées de traitement hormonal ou de chirurgie émancipatrice, mettant en danger leur santé et leur intégrité. Rappelons qu’iels sont bien souvent mises en isolement pour leur prétendue « propre sécurité ».

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !

Ces insécurités concernent également les personnes LGBTI+ en procédure de filiation. Pour les couples de lesbiennes, l’obligation de la reconnaissance conjointe anticipée devant notaire avant la conception de leur enfant par PMA, les prive parfois des dispositions de l’adoption par la mère sociale de l’enfant, en cas de maternité débutée. Elles ne sont pas, de fait, des familles comme les autres devant les services publics. La procédure de filiation pour la parente ou le parent qui ne porte pas l’enfant né d’une PMA, la différence de traitement face aux justifications à fournir, l’impératif d’être marié·e pour adopter parfois son propre enfant, ou l’incapacité des services publics à reconnaître les parentalités lesbiennes et transgenres, mettent en exergue le besoin d’une réforme de la filiation.

Ces inégalités administratives mettent en danger les parentes et parents dans leurs droits, comme après une séparation ou dans l’accès à l’accompagnement dans les services hospitaliers. Elles mettent aussi en danger les enfants, qui face aux errements de l’administration, se retrouvent dans un flou juridique et ne sont pas protégés dès leur naissance. Cette différence de traitement sur nos droits légitimes doit cesser. Les mises en danger administratives doivent cesser.

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !

Dans le domaine de la santé, nous exigeons la prise en compte des différences de genre dans la création, les essais et les évaluations des traitements VIH. Elles sont, dans la majorité des cas, établies en prenant comme base un homme cisgenre d’1m80 ! Dès lors, la nocivité des traitements impacte plus les femmes cisgenres, les femmes et les hommes transgenres. Il faut également mettre fin à tous les obstacles à l’accès à l’emprunt et aux assurances pour les personnes séropositives, même s’il y a des avancées régulières en ce domaine.

Nous exigeons qu’il soit mis fin au dispositif d’évaluation des forces physiques Sigycop qui légitime la sérophobie, discrimination en raison de l’état de santé, à l’embauche au sein de l’armée, de la gendarmerie et chez les pompiers, refusant encore un emploi aux personnes séropositives. Les dernières études scientifiques ont démontré que les personnes séropositives bénéficiant de traitements antirétroviraux ont une charge virale indétectable et ne transmettent pas le VIH.

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !

Le combat contre la sérophobie, de façon générale, passe par les sphères familiales et professionnelles. Les LGBTIphobies font le lit des épidémies, impactent l’estime et la confiance en soi. Elles favorisent les prises de risques liées au VIH et aux IST. Elles éloignent également les personnes du soin, en raison du jugement de certains médecins, des discours moralisateurs, et réduisent le recours aux dépistages et à l’accès au matériel de prévention, comme les préservatifs et les kits d’injection.

Dans le monde du travail, la reconnaissance des mêmes droits pour toutes et tous passe par l’arrêt des discriminations au sein des entreprises avec des engagements fermes et appliqués en matière d’orientation sexuelle, d’identité de genre et d’état de santé des salarié·es. Selon le 3e baromètre 2022 de l’Autre Cercle, sur plus de 4.300 personnes LGBTI+ interrogées, 26% se disent victimes d’au moins une discrimination LGBTIphobe de la part de leur direction. Plus 6% par rapport à 2020. Il n’existe pas de lutte contre les discriminations au travail sans la défense simultanée des acquis sociaux et de la dignité des salarié·es de première ligne, auxquelles appartiennent aussi les personnes LGBTI+.

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !

Si la situation de la France n’est pas à comparer à des zones de non droit dans d’autres régions du monde, il existe pourtant de nombreux cas d’inégalité dans la prise en charge médicale des personnes LGBTI+. Priver les personnes transmasculines du droit d’enfanter par PMA mais aussi de la garantie d’avorter, est médicalement injustifié et délibérément transphobe. Plus largement, le paternalisme désobligeant d’une majorité du corps médical, ou son manque d’information, nuisent à notre santé. Le contrôle de notre corps par les soignant·es, quel que soit le souhait ou le besoin de la personne concernée, et la psychiatrisation des transidentités par le CHU d’Angers et les endocrinologues du Maine-et-Loire, sont inadmissibles. Enfin, la différence de prise en charge des personnes lesbiennes, bisexuelles ou transgenres dans certains services gynécologiques et obstétriques doit évoluer. Formez-vous !

La France s’indigne en regardant le recul des droits aux États-Unis, sous les coups de butoir des mouvements politiques réactionnaires qui s’organisent contre l’IVG et les droits LGBTI+. Cette panique réactionnaire, ou « panique woke », se concrétise par une lutte matérielle, financière et politique face à tout ce qui pourrait être émancipation des communautés queers. Cette droite réactionnaire et d’extrême droite, comme le Rassemblement National qui, en France, lance son association pour combattre les prétendues « propagande LGBT » et « menace transgenre », voit dans l’accès à l’égalité des droits des personnes LGBTI+ une perte de pouvoir et de valeurs souvent chrétiennes. Elles n’hésitent pas à faire du lobbying auprès de certains parlementaires, qui les reçoivent !

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !

Leur volonté affichée de continuer les thérapies de conversion mutilatrice sur les enfants intersexes notamment, de contrôler les programmes scolaires, de mettre des bâtons dans les roues des parcours de transition et notamment des enfants transgenres, se vérifie chaque jour. Leurs volontés de pouvoir continuer à nuire, à contraindre nos vies qui ne les concernent pas, d’instrumentaliser et de diaboliser nos vécus, n’ont pour but que de briser nos rêves et nos espoirs. Leur volonté de réprimer, d’agresser, de détruire, pour instaurer la peur quotidienne peuvent instaurer une détresse qui peut parfois conduire nos adelphes jusqu’au suicide. Vous adelphes, nous vous aimons en vie !

Nous, personnes LGBTI+, stigmatisées comme queers, mais devenues fières de nos différences, devons continuer à affirmer notre légitimité d’exister. Les différences de traitement doivent disparaître, tout comme les discours idéologiques de haine. Adelphes LGBTI+, allié·es, unissons-nous pour déclarer d’une seule et puissante voix :

Combattez vos LGBTIphobies, pas nos vies !